m’emmena, et, après m’avoir fait attendre un bon quart d’heure et m’avoir ensuite promené dans d’autres bureaux, me donna un papier en me disant d’aller chez le payeur toucher la prime.
Quand je fus chez le payeur, le caissier me dit en patois :
— Vous ne savez point signer, n’est-ce pas ?
— Si bien, lui dis-je, je signe.
Il me regarda tout étonné, me passa une plume, et, lorsque j’eus signé, me donna quinze francs.
À la porte, je repris l’âne, et je m’en fus chez M. Fongrave lui porter un lièvre que j’avais dans mon havresac. Mais, à son ancienne maison de la rue de la Sagesse, on me dit qu’il ne demeurait plus là depuis longtemps. Je repartis, traînant toujours mon âne, et, après avoir bien cherché, je finis par découvrir la demeure de l’avocat de mon défunt père. Comme il ne s’y trouva pas, je laissai le lièvre à la servante, en lui recommandant de dire à son bourgeois que c’était le fils du défunt Martin Ferral qui le lui avait remis.
Cela fait, j’allai acheter, pour ma Lina, une bague en argent, qui me coûta bien trois francs dix sous ; puis, revenu à l’auberge, tandis que l’âne mangeait quelques feuilles de chou, moi, après la soupe, ayant bu un bon coup, je repartis avec lui pour les Maurezies, où j’arrivai assez tard vers onze heures du soir.