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d’or, un à un, pour aller s’ivrogner le dimanche à Bars, le mardi à Thenon, et puis riboter aux ballades des paroisses de par là, mais que pour ce qui était du bien, qui appartenait tout à Géral, il reviendrait à la Lina, puisque le vieux l’avait reconnue en se mariant avec la Mathive. Et c’était ce bien qui lui faisait surtout envie, à ce galapian, parce qu’il se disait que, Géral venant à mourir, ce qui fut peu après, Lina resterait maîtresse de tout, et alors, adieu les bombances ! il lui faudrait filer. Aussi faisait-il l’empressé près d’elle, devant les gens surtout, et disait à la vieille, piquée de jalousie, quoique elle-même lui eût conseillé de jouer ce jeu, que c’était un semblant pour empêcher le monde de babiller. La Mathive enrageait d’être obligée de supporter ça et passait sa colère sur sa fille, ne décessant de crier après elle, et, des fois, lui donnant quelque buffe.

Au bout de quelque temps, cherchant toujours à en venir à ses fins, Guilhem disait à la Mathive que le seul moyen de faire poser la langue aux gens, c’était de le faire marier avec Lina. Mais la vieille n’entendait pas ça et se récriait haut. Elle supportait bien à toute force que son goujat fît la mine de courtiser sa fille ; quant à les marier ensemble, c’était une autre affaire.

L’autre avait beau l’assurer qu’il en serait après le mariage comme avant, et que ce qu’il en disait, c’était dans son intérêt à elle, afin que