main, traçait de vagues figures géométriques sur la nappe. Tous deux goûtaient les plaisirs de l’amitié à leur manière. Le chevalier, heureux du moment présent, n’oubliait pourtant pas ses griefs, et s’exprimait assez librement sur le compte de l’évêque qui avait frappé son ami et son curé ; quant au successeur de celui-ci, il n’était pas bon à jeter aux chiens.
Le curé Bonal, qui avait peut-être ressenti plus vivement le coup de cette séparation de tout ce qu’il affectionnait, avait pourtant plus de résignation, et tâchait, dans l’intérêt de la religion, d’apaiser le chevalier.
— Mon ami, disait-il, avant tout il faut connaître votre nouveau curé. Il n’y a pas huit jours qu’il est à Fanlac, vous l’avez vu deux fois : comment pouvez-vous l’apprécier ? Vous dites qu’il a une mauvaise figure ; mais il se peut qu’il soit un bon prêtre malgré cela ! Vous savez, comme moi, qu’il ne faut pas juger les gens sur la mine : les apparences sont souvent trompeuses.
— Oui, dit le chevalier :
Ne crois pas ribaud pour jurer,
Ni jamais femme pour pleurer,
Car ribaud toujours jurer peut,
Femme pleurer quand elle veut.
Le ci-devant curé sourit un peu, et le chevalier continua :
— Avec ça, je ne me trompe guère. Lorsque