pleine assiette de soupe ; après quoi, il se servit lui-même moins copieusement.
Après souper, nous parlâmes de la manière qu’il convenait de gouverner le domaine, et je fis connaître au curé mes idées là-dessus. Je l’assurai que j’étais capable de faire le travail tout seul, et bien ; mais il me répliqua qu’il n’entendait pas rester oisif, et que, nonobstant ses soixante ans passés, il était robuste et comptait m’aider. Sur les huit heures, je fus donner aux bœufs, car le Rey avait laissé le cheptel, comme c’est la coutume, en ayant pris en entrant ; après quoi, chacun alla se coucher.
Je pensai longtemps avant de m’endormir à la manière de conduire les affaires la plus profitable pour la maison. Je comprenais qu’il fallait charrier droit et travailler ferme, car la propriété n’était pas grande, valant une douzaine de mille francs au plus, et le pays, juste au beau milieu de la forêt, n’était pas des meilleurs. Mais le courage ne me manquait pas, et je me sentais tout fier et heureux d’être utile au curé et de lui témoigner ma reconnaissance. Puis, il faut que je le dise, quoique je fusse bien marri de ce qui lui arrivait, le plaisir de me sentir plus près de Lina me donnait du cœur. Certes, si la chose eût dépendu de moi, je serais retourné à la cure de Fanlac avec lui, très content de le voir heureux. Mais comme cela ne se pouvait, je m’en consolais en pensant au voisinage de ma bonne amie. L’homme