ce tronçon de pierre informe, qu’on appelle le saint, s’en est allée, comme tant d’autres belles choses, et il n’y a plus guère que les bas Limousins qui font semblant d’y croire à cause de leurs melons. Mais, en revanche, ceux qui ont absolument besoin d’être trompés s’en vont porter leur argent aux diseuses de bonne aventure dans les foires ou acheter des poudres aux charlatans, ce qui en finale revient au même.
Lorsque je sortis, je trouvai les deux droles qui revenaient de se promener un peu toutes seules, et il fut question de partir. Bien entendu, je voulus leur faire un bout de conduite, car c’est à peine si, dans cette foule, j’avais pu parler tranquillement à Lina. Pour dire la vérité, cette dévotion ne va pas bien pour les amoureux : on est toujours en vue, dans ce vallon de la Laurence où il n’y a que des prés, et, d’un côté comme de l’autre, des coteaux de vignes, à la réserve de la garenne du château de la Faye. Quoique sans mauvaises intentions, on aime à se cacher un peu. Ah ! ce n’est pas comme au pèlerinage de Fonpeyrine, où l’on est au beau milieu des bois.
Nous nous en fûmes donc tous les trois, suivant d’abord le grand chemin d’Angoulême à Sarlat, qui passe dans la combe, le long des prés de Beaupuy, pour monter ensuite à la Bouyérie et aux Quatre-Bornes. Je tenais Lina par la taille et par une main, marchant tout doucement et lui parlant de choses et d’autres : combien j’étais