Page:Eugène Le Roy - Jacquou le Croquant.djvu/210

Cette page a été validée par deux contributeurs.

teuse l’orgueil des renégats et les vices des libertins hypocrites !

Et, ce disant, ce coquin-là tendait le bras du côté de Fanlac, de manière que tous les assistants comprenaient bien qu’il parlait du curé Bonal qui avait été vicaire à Montignac, autrefois.

Moi, oyant cette bête-là parler ainsi du curé, je fus au moment de lui crier sur le coup de la colère qui me monta : « Tu en as menti ! gredin ! »

Mais je me retins, et je le dis seulement à demi-voix, ce qui fit retourner plusieurs personnes dans le fond de l’église, où j’étais, puis je partis furieux.

« Est-il possible, pensais-je en m’en allant, qu’un homme si bon, si charitable ; qu’un prêtre d’une vie si exemplaire, et digne par son caractère des respects de tous, soit ainsi vilainement calomnié par ses confrères ! »

Je dis par ses confrères, car, outre les missionnaires, il y avait aussi dans le voisinage, des curés qui, pour se faire bien venir des jésuites tout-puissants, prenaient leur mot d’ordre et semaient à la sourdine un tas de calomnies contre le curé Bonal. Ils ne l’aimaient point, d’ailleurs, tous ceux du doyenné de Montignac, parce que sa conduite les accusait tous. On ne le voyait pas dans ces ribotes qu’ils faisaient les uns chez les autres, sous le prétexte de la fête de l’endroit, ou sans prétexte aucun ; ribotes