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étaient les maîtres partout, et c’étaient de mauvais maîtres. Les missionnaires envoyés par eux prêchaient de ville en ville, provoquant des persécutions contre les incrédules, les jacobins, excitant quelquefois des troubles, durement réprimés ; tout cela causait par toute la France un mécontentement général qui favorisait le développement des sociétés secrètes.

— Vous verrez, disait le chevalier en racontant ça, vous verrez que ces ultras finiront par faire renvoyer le roi en exil.

Je ne savais point ce qu’étaient ces ultras, mais, d’après tout ça, je me figurais que ce devait être une espèce de royalistes dans le genre du comte de Nansac.

Pour ce qui regardait les missionnaires, la chose était sûre, car à Montignac ils avaient planté une croix sur la place d’armes, juste à l’ancien endroit de l’arbre de la liberté, et par leurs sermons violents, leurs paroles de haine, ils avaient réussi à soulever un tas de gredins contre les patriotes connus pour leur attachement à la Révolution.

— Ces diables de missionnaires, ajoutait le chevalier, ont failli faire jeter à la Vézère le vieux Cassius, qui nous a sauvés jadis, ma sœur et moi.

Et sur l’interrogation du curé, il poursuivit :

— Oui, un jour, à la Société populaire, un bouillant patriote demanda la mise en réclusion des ci-devant nobles, La Jalage et sa sœur, mais Chabannais, dit Cassius, se leva :