bien je m’étais trompé, j’avais une grande bonne volonté de me rendre utile à ceux qui me traitaient si bien, et je m’ingéniais à leur marquer ma reconnaissance. La demoiselle Hermine aimait beaucoup les donjaux : aussi, à la saison, je me levais avant le jour pour passer le premier dans les bois où l’on en trouvait. Et comme j’étais content de lui en apporter un beau panier qui lui faisait pousser des exclamations :
— Oh ! les belles oronges !
La jument blanche du chevalier n’avait jamais été étrillée, brossée, soignée, comme depuis que j’étais là : car, auparavant, Cariol, le domestique, prenait surtout soin de ses bœufs et la soignait un peu à coups de fourche, ainsi qu’on dit. Maintenant elle était bien en point et luisante, de manière que le chevalier lui-même, un jour que je la lui amenais pour monter, avec sa selle de velours rouge frappé, et les boucles de la bride à la française brillantes comme l’or, me dit jovialement :
— C’est bien, mon garçon…
Pour le curé, lui, c’était un homme comme il n’y en a guère ; il n’était sensible à rien de ce que tant de gens estiment. L’argent, il en avait toujours assez, pourvu qu’il pût faire la charité ; du boire et du manger, il s’en moquait, disant que des haricots ou des poulets rôtis, c’est tout un. Et, à ce propos, il faisait quelquefois la