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— Il a bon besoin d’être nippé, c’est sûr.

— Pour commencer, dit le curé, voici de quoi lui faire deux chemises.

La vieille demoiselle déplia les deux chemises et fit :

— Hum ! elles ne sont pas trop bonnes, curé ! Enfin, nous tâcherons d’en tirer parti.

Et, ce disant, elle mesurait sur moi, avec une chemise, la longueur du corps, celle des manches, et marquait tout cela au moyen d’épingles.

— Je vais m’y mettre tout de suite, continua-t-elle ; Toinette m’aidera, et demain il en aura une… Il est gentil, cet enfant-là, vous savez, curé, — ajouta-t-elle en relevant les yeux sur moi, — et il a l’air éveillé comme une potée de souris.

— Ah ! les femmes ! toujours sensibles aux avantages physiques ! dit le curé en plaisantant.

— Si cela était, riposta la vieille demoiselle en riant, nous ne serions pas si bons amis.

— Bien touché ! fit le curé en riant aussi. Et où est M. le chevalier ?

— Il est allé jusqu’à La Grandie, voir si le meunier a ramassé beaucoup de blé.

— C’est à craindre que non. Avec la sécheresse qu’il fait depuis un mois, l’étang doit être à sec… Allons, mademoiselle, au revoir et merci !

En sortant de là, nous allâmes chez le tisserand. Dans une espèce d’en-bas, comme un cellier, où l’on n’y voyait guère, l’homme était assis sur une barre, faisant aller son métier