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ment. Puis ils ôtèrent peu à peu la planche, et ma pauvre mère se coucha au fond du trou noir, où elle était à peine étendue que le fossoyeur commença à jeter la terre et les pierres qui tombaient sur elle avec un bruit mat…

Pendant ce temps la nuit était venue, et moi, noyé dans mon chagrin, j’étais debout, regardant comme imbécile la fosse qui se comblait. À côté, la vieille, à genoux, disait son chapelet. Après que l’homme eut achevé, elle se leva, fit un signe de croix et, me touchant le bras, me dit :

— Viens-t’en, mon petit, c’est fini.

Et je la suivis jusqu’au village où on la retirait dans une grange, et, lorsqu’elle m’eut fait monter, écrasé de douleur et de fatigue, je tombai sur le foin et je m’endormis d’un lourd sommeil.