un accident. Enfin le quatrième point, c’est qu’il fallait mettre le feu la nuit, afin que les secours ne vinssent pas arrêter l’incendie à son début.
Pour un enfant de mon âge, tout ça n’était pas trop mal arrangé : le malheur était que ce fût pour une mauvaise action ; mais, poussé au mal, je n’étais pas le seul coupable.
Tandis que je ruminais ces choses dans ma tête, ma mère, ayant su qu’on avait besoin de faneuses au Cheylard, y alla le lendemain, me laissant seul pour tout le temps des fenaisons, car c’était trop loin pour revenir chaque soir. Elle se fâchait de ça, mais je la tranquillisai en l’assurant que je ne m’inquiétais point d’être seul. Si je lui avais dit la vérité, j’aurais dit que j’en étais content. Le premier jour, je l’accompagnai jusqu’au Cheylard, où, ayant demandé quelque peu d’argent d’avance sur ses journées, elle acheta chez le fournier de Rouffignac une tourte de pain que j’emportai.
Mon plan étant bien arrêté, je n’avais plus qu’à chercher un bon endroit et à attendre le moment propice. Il y avait une différence de trois ou quatre ans entre les coupes de la forêt de l’Herm et celles de La Granval qui se jouxtaient. Les premières étaient bonnes à couper l’hiver prochain, de manière que la divise, ou limite était facile à trouver et à suivre, surtout avec les grosses bornes cornières qu’il y avait de distance en distance. Ayant bien considéré les