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Lorsque nous fûmes dans ce petit vallon qui vient du Grand-Bonnet, passe sous La Granval et descend vers Saint-Geyrac, le soleil tomba tout à fait derrière l’horizon des bois, et le crépuscule s’étendit sur la forêt, assombrissant les coteaux boisés, et, autour de nous, les coupes de châtaigniers. En même temps l’Angélus du soir tinta assez loin devant nous, au clocher de Bars, et bientôt, sur main droite, plus faiblement, à celui de Rouffignac. Ma mère alors me reprit par la main et pressa le pas ; malgré ça, il était nuit close lorsque nous fûmes à la tuilière.

La porte était toujours fermée au moyen du bout de corde qui y avait été mis en partant ; lorsqu’il fut défait, nous entrâmes. Rien ne semblait dérangé dans la cahute, mais, revenant de Périgueux où nous avions vu de belles maisons et de jolies boutiques, elle nous parut plus misérable qu’auparavant ; joint à ça, que l’idée de mon père nous aurait fait trouver triste la plus belle demeure. Je dis que rien n’était dérangé dans la maison ; pourtant, lorsque ma mère eut allumé une chandelle de résine au moyen de la pierre à fusil et d’une allumette soufrée, elle vit sur la terre battue la trace de gros souliers ferrés : qui pouvait être venu ? pour quoi faire ? des voleurs ? et quoi voler ? Enfin, ne sachant comment expliquer ça, ma mère mit la barre à la porte, après quoi, ayant mangé un morceau de pain, nous fûmes nous coucher.