marié n’est, en principe, exempt de cette réception ; mais les bourgeois s’en tirent en général avec un petit écu pour le vin des acteurs.
Lorsque la fourche, semblable à un simulacre ou trophée antique dédié à quelque divinité champêtre, s’arrêta devant la boutique du coutelier de la rue du Grel, escortée d’une troupe de masques, cabrettes et vielles sonnant, un gros paillasse qui faisait l’office de maître des cérémonies, appela par trois fois : Capdefer ! Capdefer ! Capdefer ! Celui-ci ne bougeant, le coryphée le somma de venir s’agenouiller de bonne volonté devant le terrible emblème, sans quoi on l’allait entrer quérir.
Mais lui, entendant mal la plaisanterie, se planta délibérément sur l’entrée de sa boutique, un grand couteau de boucher à la main, et dit froidement :
— Le premier qui vient, je l’éventre !
— Pécaïré ! ça n’est pas de jeu !
Et après de bruyantes huées, accompagnées de sinistres prédictions cornues à l’adresse du récalcitrant, la troupe joyeuse continua son chemin.
— Qui fait tout ce sabbat dans la rue ? demanda la Thibalde qui, à la suite d’une seconde attaque, gisait sur un lit.
— Mère, c’est la procession du jour des Cendres… tu sais bien ?
Quelques jours après, la veuve Mauret était portée au cimetière.
— Ah ! pauvre mère ! puisque tu devais mourir aujourd’hui, que n’es-tu morte six mois plus tôt !