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Lorsque le curé annonça au prône qu’il y avait promesse de mariage entre Jérôme Capdefer, coutelier, et Reine Mauret, dite Maurette, il courut, dans l’église, une légère rumeur d’étonnement. La belle Reine épouser le Tétard ! personne n’en revenait. À la sortie, il se forma devant le porche des groupes où on commentait la nouvelle avec animation.

— Cette mijaurée qui faisait tant la fière ! dit Toinette, c’était bien la peine !

— Elle se figurait peut-être que le Breton s’allait marier avec elle ! ajouta la fille de la sage-femme qui avait remplacé Reine comme chanteuse.

— Nous n’en savons rien… Mais comment que ce soit, elle doit être bien malheureuse ! répliqua la Marion. Moi, je la plains !

— Elle n’a pas osé venir ouïr la publication de ses bans, ce matin ! conclut une autre.

— Que vouliez-vous qu’elle fît ? disait un peu plus loin Gérard, le clerc de M. Viermont, à quelques jeunes gens assemblés ; il ne leur restait rien, pas un bout de fil à lier un boudin ! La pauvre fille se sacrifie pour tirer sa mère du chemin de l’hospice…

— C’est égal ! ça fait de la peine de voir un Tétard coucher avec la Belle Coutelière ! répliqua Gaujac.

— Il faut espérer qu’elle le trompera ! dit cyniquement Viermont.

— Et que ce sera avec moi ! ajouta vivement le jeune receveur de l’enregistrement.

— Eh bien ! moi, je crois que Maurette sera très honnête femme, affirma Noël Caraval.