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— Ma drole, c’est tout son avoir ! Il t’estime autant qu’un autre riche de cent mille francs qui te donnerait tout !

— Je ne dis pas… mais je ne veux pas me vendre… à aucun prix ! Et puis, je le hais ! tu peux le lui dire !

— Écoute, ma petite ! ça ne presse pas… tu y penseras de loisir… C’est une affaire qui vaut la peine d’être soupesée et avisée de toutes les manières.

Cependant le temps se passait ; il y avait des mois et des mois que Maurette se maintenait ferme dans ses résolutions malgré les adjurations de sa mère, qui, en toute occasion, lui chantait les louanges du Tétard et lui énumérait longuement les avantages de ce mariage, lorsque la pauvre femme eut une attaque de paralysie dont elle se releva, mais qui la laissa clouée pour toujours au coin du feu. Capdefer, déjà plusieurs fois abreuvé de réponses dilatoires, qui néanmoins lui laissaient quelque espoir, profita de la circonstance pour faire entendre à la veuve qu’il était temps d’en finir, attendu qu’il ne pouvait se payer plus longtemps d’espérances. Il lui déclara qu’il trouvait une occasion avantageuse de s’établir ; qu’on le pressait de se marier avec une fille de son pays, ayant bien de quoi, à laquelle il préférait nonobstant Maurette sans un sol dans son tablier… Qu’il en était aux regrets, mais puisqu’elle le méprisait, il était décidé à entendre aux propositions qu’on lui faisait.