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Maintenant, Reine voyait clairement le plan du sournois Capdefer, et cette nouvelle générosité qui les liait par la reconnaissance l’accablait. Elle était humiliée et irritée que cet homme odieux leur imposât ses bienfaits. Combien elle eût préféré un autre acquéreur de la maison paternelle, qu’alors il leur aurait fallu quitter ! Ainsi elle eût été débarrassée de la présence exécrée du Tétard ! Mais de faire partager ses idées et ses répugnances à sa mère, et lui persuader de quitter de son gré cette vieille demeure où elles avaient la vie monotone mais douce d’auparavant, pour s’en aller au hasard au-devant d’une existence pénible, peut-être de la misère, elle sentait cela impossible, tant la pauvre femme, heureuse de finir ses jours dans sa maison, s’était coiffée de Capdefer. Ah ! si elle eût été seule !

Aux prévenances, aux soins que la Thibalde avait pour lui, celui-ci comprenait qu’il avait en elle une alliée toute dévouée ; aussi quelque temps après, profitant une après-midi de l’absence de Maurette qui, à son habitude, était au jardin, il quitta la boutique et monta trouver la veuve. Après maintes « platusseries », circonlocutions et propos vagues, il en vint à son affaire, l’assura que, depuis son entrée dans la maison, il l’avait toujours affectionnée comme sa mère, tant pour son amiable recueil à sa venue et sa bonté depuis lors, que comme ayant une fille aussi belle et pleine d’entendement, qu’il n’avait pu voir tous les jours sans l’aimer… Il confessa qu’il n’était pas, lui, digne de Maurette, mais que pourtant, si