traits figés dans une immobilité digne, la figure pâle, on eût dit une belle statue animée. Le sourire de ses yeux et celui de ses lèvres avaient disparu sous un masque impénétrable, qui cachait un amer désespoir.
— Encore qu’elle soit bien triste, c’est toujours la Belle Coutelière ! disaient les jeunes gens en la voyant descendre les marches du porche.
L’un de ceux-ci, le successeur de Gaudet au bureau de l’enregistrement, s’était follement épris d’elle et faisait des enfantillages auxquels la pauvre affligée ne prenait garde. Il lui causa pourtant, par son audace étourdie, la plus terrible émotion. Comme elle ne sortait plus que le dimanche pour aller à la messe, ce jeune homme lui écrivit une longue lettre, que le facteur, au vu de la provenance, lui remit directement, pour se justifier de l’espèce de suspicion qu’elle lui avait témoignée. Une lettre ! La pauvrette se sauva dans sa chambre, déchira l’enveloppe, ne reconnut pas l’écriture, lut : « Mademoiselle » et courut à la signature… Alors elle porta la main à son cœur, et défaillit. Elle avait cru à une lettre de Kérado.
Lorsqu’un moment après, Maurette rouvrit les yeux, elle descendit et, sans la lire, jeta au feu la prose amoureuse du receveur.
Capdefer fut inquiet au sujet de cette lettre remise en sa présence ; toutefois, il n’en fit rien paraître et garda toujours à l’endroit de Reine son attitude froide et indifférente. Il semblait ne pas la voir et ne