V
Le soir, Maurette était dans son lit, pelotonnée, et pensait à Kérado. La figure dans son mouchoir teint de gouttelettes du sang de son cher Yves, elle se délectait à la ressouvenance de ce qui s’était passé. « Mon amant ! » murmurait-elle en savourant la douceur extrême qu’elle trouvait à ces mots. Nul regret du sacrifice ; elle l’aimait et s’était donnée sans arrière-pensée, sans autre mobile que son amour même. Elle éprouvait une grande joie de cœur en songeant qu’elle l’avait rendu heureux, et ressentait une sorte d’orgueil féminin à constater sa puissance, à se sentir femme maintenant, initiée aux mystères de l’amour et idoine à donner le bonheur…
Reine s’endormit dans ces pensées, et le lendemain, levée de bonne heure, elle s’en fut au jardin. Penchée sur le vide où tourbillonnaient des vols de freux, elle frémit en mesurant de l’œil la haute muraille rocheuse escaladée par Kérado, en s’aidant d’une