des tabacs avait fait son emplette, le maître et le compagnon commencèrent à ramasser la récolte de la Saint-Michel : blé d’Espagne, haricots et pommes de terre. Cela dura quelques jours. Ils partaient le matin après avoir déjeuné, et, à midi, la bourgeoise leur portait le dîner, tandis que Maurette gardait la maison.
Justement, une après-midi elle cousait seulette à la boutique, tout son monde étant aux champs, lorsque tout à coup Kérado entra. Elle se leva tout émotionnée, et lui, la voyant seule, n’était guère moins ému. Il se remit pourtant, et après le portage amiteusement demandé, expliqua qu’il avait un rasoir à faire repasser… Puis, comme s’il avait craint que Maurette ne le crût pas, il le tira de sa poche et le lui donna. Tous deux, à ce moment, se regardèrent, et la petite, comprenant que le rasoir n’était qu’un prétexte, rougit fort. À son corsage, elle avait un petit bouquet de réséda ; Kérado le lorgnait et le désirait ; aussi, après avoir ajouté qu’il n’était pas pressé de son rasoir, il s’enhardit à remarquer que Reine aimait le réséda.
— L’odeur en est si douce, dit-elle.
— Moi, je l’aime beaucoup aussi… surtout depuis quelque temps…
— Ah !
— Oui… depuis le samedi où je vous rencontrai à la porte Marinière.
Elle rougit encore et ne répondit pas.
— Voudriez-vous me donner un brin de celui que