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sur les grosses nattes de Reine enroulées en un lourd chignon et maintenues par un peigne ouvragé. De là, son regard coulait sur la nuque où foisonnaient des petits frisons noirs qui descendaient drus, très bas sur le cou…

De l’enclume où il forgeait une lame d’eustache, Capdefer regardait d’un mauvais œil cet acheteur qui ne lui disait rien qui vaille. On eût dit, à le voir, un dogue prêt à défendre le bien de son maître. Était-il devenu amoureux de la fille de son bourgeois ? Rien ne le faisait supposer. Jamais il ne lui parlait, et c’est à peine s’il la regardait d’un œil froid. Peut-être était-il comme le chien de l’hortolan.

Au demeurant, très affectionné aux intérêts de la maisonnée, il ne s’épargnait en chose quelconque pour sa prospérité, tout comme s’il eût été de la famille. À la boutique, il bûchait avec ardeur et ne regardait pas à une heure de plus lorsque l’occasion le requérait. Il faisait toute besogne sans rechigner, et même tournait la meule pour le repassage, ce qui était un office, non d’ouvrier, mais d’apprenti. Et puis, fils de pieds-terreux, il s’entendait aux travaux rustiques, et, quoique ce ne fût pas dans les conditions de son embauchement, il aidait le bourgeois aux champs. Mauret avait quelques journaux de pays sur la « plaine du Roy », comme on appelle ce grand plateau où ceux de Montglat ont leurs héritages, et, selon les saisons, il fallait travailler la terre, ensemencer, donner des façons et lever le revenu. Ainsi, le lendemain du jour où le vérificateur