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— Vous revenez de bonne heure, ce soir, monsieur Kérado !

— Oui… Après avoir couru toute la semaine, il me tardait de rentrer.

— Ça se comprend. Il fait meilleur là-haut, à l’ombre des tilleuls de la promenade, que sur les plantations… et puis il y a la vue…

— Oui, répondit naïvement le commis des tabacs, il y a une belle vue sur la plaine et la rivière…

— Et aussi sur la rue du Grel, ajouta malicieusement Toinette.

— C’est très vrai !…

Tous trois étaient en ce moment arrêtés à quelques pas de la porte. En disant ces dernières paroles, Kérado regardait avec amour la belle Reine qui baissait les yeux et se troublait.

— Tenez, vous qui aimez tant le réséda, en voici, dit Toinette en en prenant un brin au corsage de son amie.

— Oh ! Toinette ! fit celle-ci.

— Ah ! merci ! dit le Breton, mais je ne veux pas le prendre sans la permission de mademoiselle Reine.

Celle-ci, confuse, gardait le silence.

— Qui ne dit mot consent ! fit Toinette. Maintenant, monsieur Kérado, passez devant, s’il vous plaît.

Et l’employé des tabacs, après un dernier regard à Maurette, s’en alla heureux avec son petit brin de réséda.

Arrivée devant sa maison, Toinette, en quittant son amie, lui demanda en riant :