de la présence dans la famille d’un étranger dont la physionomie ne lui plaisait guère, et elle pensait à Kérado.
Le lendemain, tout en tirant son aiguille, elle le guetta de la fenêtre de la chambre au-dessus de la boutique, mais il ne parut pas.
Le surlendemain, point de Kérado. Le troisième jour, énervée, elle descendit avec son ouvrage et se mit à sa place habituelle à la coupée afin de se dédommager en le voyant de plus près. Mais ce jour-là encore l’employé des tabacs ne se montra pas. « Serait-il malade, se demanda Maurette, ou bien craint-il d’être remarqué en passant trop souvent ? » Et elle cherchait des raisons, des explications. « Il y en a tant d’autres filles qui l’aimeraient s’il voulait ! » se disait-elle en songeant aux paroles de la Marion. Dix fois le jour, elle quittait son ouvrage, montait à sa chambre, se regardait au miroir, se trouvait belle, tourniquait un instant, puis redescendait. Le quatrième jour, rien encore ; ses anxiétés augmentaient et elle avait envie de pleurer. Le cinquième jour, la pauvrette n’y tint plus.
Vers cinq heures du soir, elle prit sa seille et, au lieu de descendre directement à la porte Marinière pour aller à la fontaine des Angles, elle s’en alla passer devant le Coq Hardi et appela Toinette :
— Tu ne viens pas à la font ?
— Si… espère-moi.
Et en attendant son amie, Reine regardait distraitement l’enseigne de tôle suspendue à une potence