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Mais elle, comme toutes les filles qui font semblant de ne croire leur amoureux pour lui faire répéter le doux aveu, fit alors :

— Les garçons disent tous comme ça, et puis ils vous oublient aisément…

— Pas moi, Rosette ! pas moi ! Je n’ai jamais mué d’amour ! Je t’ai toujours aimée ! Ça n’est pas d’antan, vois-tu, ça date de loin, du temps où tu étais toute petite enfantelette au téti de ta mère…

Elle ne dit rien, comme persuadée.

— Et toi, mon petit cœur, — repris-je, — m’aimes-tu ?

Elle continua de marcher, la tête baissée, sans répondre.

— Dis, ma Rosette, dis ? — fis-je en la serrant contre moi,

— Oui… je t’aime !

Elle n’eut pas dit ça que, la prenant à plein corps, je baisai la bouche rose d’où était sortie cette tant douce parole ; puis je repris :

— À cette heure, je suis à toi, Rosette, et je t’aimerai tant que j’aurai vie au corps !

— Je t’aimerai toujours, mon Gérémus !

— Adonc, donne-moi un peu cette gauche menotte.

Et tirant de ma poche de gilet la bague que j’avais achetée, je la lui mis au doigt en disant :

— Garde-la en mémoration de cette si heureuse journée !

Et, derechef, nous nous embrassâmes comme devant, étroitement, longuement, ne pouvant nous dé-