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venir à la boutique le ci-devant frère Luc, content comme un roitelet.

— Gérémus, dit-il, je te viens convier à ma noce.

— Vous vous mariez, frère Luc ?

— Mon ami, je ne suis plus frère Luc, mais Pierre Nadal, citoyen.

— Et avec qui vous mariez-vous ? si je ne suis pas trop curieux.

— Devine un peu.

Un souvenir me revint en ce moment, et je me mis à rire :

— Avec la sœur Félicité, de Cubas !

Il fut très étonné :

— Et qui te l’a dit ?

— Personne… mais un jour je vous ai vu l’embrasser dans le cou…

Il se mit à rire aussi et, adressant la parole à Périgord, lui dit :

— Vous le laisserez bien venir, dites, La-Vertu ?

— Oui bien, pardi !… pour le mariage d’un ancien frocard, ça ne peut pas se refuser !

Quinze jours après, frère Luc, marié à la municipalité, fut marié à l’église par dom Cluzel, qui fit aux novis la recommandation de ne pas oublier Dieu dans leur nouvel état :

— Puisque vous êtes rentrés dans le siècle, ce que vous pouviez légitimement faire tous deux, puisque vous n’aviez pas prononcé de vœux, il faut y vivre en bons chrétiens et en honnêtes gens : on peut faire son salut dans toutes les conditions.