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— Soyez tranquille, mon parrain, — lui dis-je un jour, qu’il m’entretenait de ça, — je travaillerai pour vous !

Il hocha tristement la tête, comme qui dit : « Tu as bien assez à faire pour toi. »

Les deux autres pères trouvaient bien dur d’être obligés de quitter une aussi agréable vie, pour gagner leur pain, et se rendre peut-être curés dans quelque méchant village périgordin. Aucun d’eux ne faisait cette réflexion que, depuis des siècles, les biens dont ils jouissaient étaient détournés de leur destination première.

Comme le leur disait un jour dom La Hyerce, ce n’était pas le vœu des fondateurs que les revenus de l’abbaye fussent mangés en plaisirs de toutes sortes par un galant abbé qui n’avait jamais mis les pieds au monastère, et par quatre religieux grassement nourris et bien entretenus sans faire aucune œuvre utile.

— Notre possession d’état n’est plus légitime, mes pères ! conclut-il. Après toutes les réformes qu’a nécessitées au cours des siècles le relâchement de notre ordre, depuis celle de saint Benoît d’Aniane, au neuvième siècle, jusqu’à celle de dom Didier, abbé de Saint-Vanne, au dix-septième, voici maintenant la grande réforme laïque ! Nous devons disparaître en tant qu’ordre religieux, parce que la vie monastique n’est plus compatible avec la société moderne.

Mais eux ne l’entendaient pas ainsi et se récriaient ferme. Le plus fâché de tous, c’était dom du Fayard,