— Mais, qui me dit qu’ayant achevé ton apprentissage, tu ne t’en iras pas t’embaucher chez un autre bourgeois, à Excideuil ou à Périgueux ?
— Qui vous le dit, Périgord ? C’est moi ! Vous pouvez faire état de ma parole !
J’avais dit ça haut, les yeux brillants, la contenance fière comme un jeune coq dressé sur ses pattes. La-Vertu me regarda un instant, puis fit :
— Tu es un brave drole ! J’ai confiance en toi et je te garde. Retourne à ton banc, tu seras nourri à la maison, et plus tard nous conviendrons du temps que tu me devras donner.
À partir de ce jour-là je tablai près de ma Rosette, et je couchai dans un petit galetas sous la tuilée. Jean le Sarladais fut tellement offusqué de me voir commensal de la maison, que huit jours après il se fit régler son compte et partit.
Quoique n’étant plus alors toujours fourré à l’abbaye comme autrefois, je ne laissais pas d’y aller de temps en temps le dimanche, pour rendre mes devoirs à mon parrain et faire mes amitiés à dom La Hyerce. À l’exception de ce dernier, les pères étaient surpris par la Révolution qui marchait toujours, et tout effarés comme des grenouilles lorsqu’on jette une pierre dans un étang. Les décrets ordonnant la vente des biens d’Église et supprimant les vœux monastiques les terrifiait. Dom Cluzel, qui avait lors près de soixante-dix ans, se demandait ce qu’il deviendrait lorsque ces terribles décrets seraient mis à exécution.