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de lever la main sur moi, un jour que Périgord n’y était pas, j’empoignai un bédane et je lui dis en me quillant :

— Viens donc me manger, le Dévorant !

Lorsqu’il me vit ainsi décidé, il s’arrêta, grommela quelque chose entre ses dents et se remit à son travail.

J’ai toujours pensé depuis qu’il y avait de la jalousie dans son fait, car il regardait Rosette avec des yeux en dessous, qui nous faisaient rire, elle et moi.

Il y avait déjà un an que j’étais apprenti chez Périgord, lorsque mon père mourut d’une mauvaise fièvre me laissant seul au monde, car il était natif du pays bas au-dessous de Bergerac, en sorte que je ne me connaissais aucun parent.

Deux ou trois jours après l’enterrement, le bourgeois me tira en particulier et me dit :

— Or çà, comment feras-tu à cette heure pour me payer les droits d’apprentissage ?

— Je toucherai bien sans doute quelques sous de ce qui est dû à mon défunt père.

— Ton père, mon pauvre Gérémus, n’a pas fait de bonnes affaires avec la ferme de l’abbaye ; il est mort devant deux fois plus qu’il ne lui était dû ; c’est au su de tout le monde.

— Alors, si je ne vous peux pas payer en deniers, je vous payerai en travail. Mon apprentissage fini, je travaillerai pour vous le temps que vous trouverez juste.