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la chambre de dom La Hyerce, j’étais véritablement innocent, aussi bien que Rosette, et je n’avais aucune méchante pensée. Mon bonheur était d’être avec ma « petite femme » comme je l’appelais, de lui parler, de l’amitonner, de me promener en sa compagnie et surtout de lui rendre de petits services. Je n’étais jamais plus heureux que lorsqu’elle me venait dire à la boutique :

— Mon Gérémus, va me quérir un seau d’eau ; ou bien : donne-moi des ripes pour allumer le feu ; ou encore : mène-moi cette pleine brouette de linge à la rivière.

Dix fois le jour, je la voyais sous un prétexte quelconque. J’étais content de la savoir en haut dans la cuisine, au-dessus de la boutique. Je reconnaissais son petit pas menu et je me la figurais allant et venant lestement pour faire tout le train-train du ménage. Lorsque je ne l’oyais plus trottiner, légère comme une chatte, je me disais :

« Elle repasse, ou bien elle est assise près de la croisée et ravaude le linge et les hardes de la maison. »

Le dimanche, nous allions à la messe ensemble, et à la vesprée nous nous promenions le long de la rivière, nous tenant par la main, ramassant des fleurettes et devisant amiteusement de nos petites affaires. Lorsque le temps était mauvais, je restais à la boutique à faire de menus ouvrages pour Rosette : une boîte à serrer son ouvrage, un petit banc pour ses pieds, ou une chaufferette.