Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/319

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Mon Gérémus, garde-moi ce paquet un moment, tandis que je vais laver ses drapes.

Et elle me mettait l’enfançonne sur les bras, et je la promenais et l’amusais du temps que sa mère était à la rivière.

Et à mesure qu’elle grandissait je m’affectionnais davantage à cette petite. Des fois, m’engalopant de l’abbaye, je lui portais des friandises que m’avait données frère Luc.

Lors donc qu’étant grandet j’oyais parler de mariage, je me prenais à penser à ma petite Rosette. Je la recherchais, et, souvent, le soir, nous parlions ensemble, assis devant la porte, au frais l’été, et l’hiver chez elle au coin du feu.

— Si ce galopin n’était pas en passe de se faire moine, je crois qu’il serait mon gendre, — disait un jour la mère de Rosette, par manière de risée.

Cette parole me donna fort à penser, et je commençai à muer de vocation. Je ne savais trop comment m’y prendre pour le faire entendre à mon parrain qui parlait de m’envoyer à la maison chef d’ordre pour continuer mes études de cléricature, lorsque parvint à Tourtoirac la nouvelle de la prise de la Bastille.

Des habitants du bourg, nul n’était sans doute personnage assez crêté pour être jamais enfermé dans cette prison royale, et pourtant cette nouvelle mit tout le monde dans une joie folle. Les bourgeois se visitaient pour s’en réjouir, les marchands devant leur boutique, les artisans sur le pas de leur porte ne