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diant mes leçons, il se dépitait de ne trouver autre chose, moi qui avais alors dix ans, je lui dis un peu effrontément :

— Mon parrain, je m’en vais bien vous dire ce que fit l’archevêque à Tourtoirac.

— Et quoi ?

— Le premier jour, il s’occupa de bien manger et de bien boire, le second jour, de bien boire et de bien manger…

Il se mit à rire :

— Polisson ! fais tes devoirs !

Cette pièce où nous étions était la bibliothèque de l’abbaye, où le prieur travaillait ordinairement. Il y avait là tout autour, contre les quatre murs, rangés sur des tablettes en noyer, des livres de tous genres en quantité : grands vieux livres à tranche rouge ou bariolée, autres de moyenne grandeur et autres plus petits. Les uns solidement reliés en veau avec des dorures au dos, les autres habillés de basane ou de parchemin, et même quelques-uns avec des ais de bois recouverts de peau de truie et tenus par des fermoirs de cuivre. Il y avait aussi beaucoup de manuscrits et force papiers et parchemins. Les placards de dessous les corps de bibliothèque en étaient bourrés. Je me disais des fois : « À quoi peut servir tout ça ? Quand même mon parrain y trouverait tout ce que fit à Tourtoirac le futur pape Clément V, voilà-t-il pas une belle affaire ! » Tout de même ces paperasses ont été bien utiles, mais pas comme l’entendait dom Cluzel, lorsqu’on en fit des