Page:Eugène Le Roy - Au pays des pierres, 1906.djvu/305

Cette page a été validée par deux contributeurs.

çait, mariait, enterrait les bons christians de la paroisse et leur disait messe et vêpres les dimanches et jours de fêtes. D’aucuns diront peut-être que les quatre pères de l’abbaye auraient pu suffire au service divin sans se tuer, la paroisse n’étant pas des plus peuplées. Sans doute, mais la fondation n’avait pas été faite pour cela, et les pères observaient exactement la règle à cet égard. Les religieux de Saint-Benoît avaient été originairement institués pour prier Dieu et travailler de leurs mains. Mais depuis de longs siècles le labeur des champs avait été mué en travail de copie de manuscrits, que plus tard l’imprimerie avait rendu inutile ; en sorte que ces bons religieux de Tourtoirac chômaient faute de besogne, les occupations de plume n’étant pas de ces travaux pressants comme par exemple les semailles, les fenaisons et les métives. Dom Cluzel, seul, travaillait régulièrement à une histoire de l’abbaye de Tourtoirac. Il était en commerce de lettres et de visites avec un père de Brantôme, et aussi en différend au sujet de l’époque de la fondation de l’abbaye. Il s’agissait de savoir si Guy, vicomte de Limoges, et Emma sa femme, qui donnèrent en 1025 à Dieu et à Saint-Pierre de Tourtoirac la moitié de l’église de Saint-Hilaire et une autre église encore, avaient fondé l’abbaye cette année-là. Dom Jordanet, le père de Brantôme, prétendait que oui ; mon parrain soutenait que l’abbaye existait déjà lors de la donation faite à l’abbé Richard, fils de Guy.

— Mais ! objectait dom Jordanet, un jour qu’il