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l’herbe devant dom Cluzel, après quoi, ayant été bien admirées, il les porta dans une vaste besace qui pendait sur les flancs de notre mule, et les arrangea bien avec des herbes et les orties que frère Luc, qui pensait à tout, y avait mises en prévision de ceci.

Et ensuite, après force compliments réciproques, congratulations et souhaits de bon voyage, nous repartîmes pour Tourtoirac.

Lorsque j’eus sept ans, « l’âge de raison », comme disait notre curé, j’appris à servir la messe, et je remplaçai dans cet office le vieux Navarre, qui n’eut plus qu’à soigner la mule et à sonner la cloche aux heures accoutumées. Le bonhomme fut content d’être débarrassé de cette « corvée », comme il disait irrespectueusement par habitude soldatesque. Les pères furent satisfaits d’être servis par un jeune garçon alerte, au lieu et place d’un vieux clopineur clopinant. Leur messe en fut accourcie de sept à huit minutes, au compte de dom de Marnyhac. Mais le plus content fut encore moi. On m’avait fait faire, pour approcher de l’autel, une sorte de soutanelle ressemblant à une robe bénédictine, et j’en étais tellement fier qu’il m’arriva quelquefois de me montrer dans le bourg avec. Les autres enfants, me voyant ainsi accoutré, m’appelèrent par dérision « dom Gérémus », et ce nom m’est toujours resté.

Je viens de parler de notre curé. Il me faut donc expliquer que, dans le bourg de Tourtoirac, il y avait un curé à la « portion congrue », comme on disait alors, lequel baptisait, confessait, communiait, fian-