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derrière mon parrain, les poches bourrées de pâtisseries :

— Bon voyage, monsieur le prieur ! — disaient-elles — et ramenez-nous bientôt ce mignon blondin !

— Ça te fait rire, petit me disait alors mon grand-père — parce que tu me vois maintenant avec des cheveux blancs et la figure pleine de rides ; mais c’est la vérité qu’en ce temps-là j’étais un gentil petit drole, frisé comme un agnelet et « escarabillé » comme un passereau.

Et puis il continuait.

Dom Cluzel faisait aussi des visites chez quelques curés qui l’invitaient les jours de fête votive, et dans les abbayes de ces renvers, comme à Châtres et au Dalon. Il y avait bien à Excideuil un couvent de cordeliers, mais les pères de Tourtoirac ne frayaient pas avec ces « va-nu-pieds », comme les appelait dom de Marnyhac.

Mon parrain ne m’emmenait pas toujours avec lui, des fois par discrétion, d’autres fois lorsque la course était trop longue. Pourtant, un jour, je l’en avais tant prié que, quoiqu’il y ait loin, il me mena à la pêche du grand étang de Born, où nous trouvâmes le prieur et le cellérier de l’abbaye régulière du Dalon, venus pour lever leurs droits. Car il faut savoir qu’à chaque pêche de cet étang, qui avait lieu tous les trois ans, il leur était dû une redevance de trois quintaux de poisson : deux cent cinquante livres de carpes et cinquante livres de tanches. Sous une tente dressée à l’écart, près d’un grand chêne, se te-