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crète en présentant les pets-de-nonne ; je les ai faits à votre intention.

Un demi-sourire passait sur les lèvres de mon parrain :

— Vous les faites fort bien, ma sœur, disait-il après en avoir tâté.

Et, toute heureuse du compliment, la bonne sœur se servait après avoir offert l’assiette à Mme la prieure et à sa consœur. Cette grosse religieuse avait une forte passion pour les friandises, ça se voyait. Après avoir mangé de la crème, elle se passait la langue sur les lèvres, comme une chatte.

La vieille mère vicaire, elle, ne mangeait pas autant, mais elle buvait agréablement le bon vin blanc de Monbazillac.

Pour Mme la prieure, elle ne mangeait ni ne buvait : un doigt de vin vieux après avoir grignoté une oublie, et c’était tout.

Quant à moi, ces bonnes religieuses me gorgeaient comme une oie à l’engrais, me prenant tour à tour sur leurs genoux :

— Mange de ça, mon petit chou, c’est bien bon !

Enfin, après avoir tâté de toutes ces friandes choses, bu de ce bon vin et goûté d’excellentes liqueurs de ménage, nous repartions pour Tourtoirac.

Le jardinier ramenait la mule, et moi, ayant été mignardé, baisé et rebaisé dix fois par ces aimables sœurs, qui se repassaient ma petite personne de mains en mains, j’étais enlevé et mis à califourchon