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à sa guise. Après avoir fait sa méridienne, le prieur écrivait dans la bibliothèque et me faisait la classe. Dom La Hyerce prenait sa flûte et s’en allait faire de la musique avec les dames du château de La Faye, qui avaient un clavecin. Dom Guerlot sortait dans le bourg et « trullait » de porte en porte, offrant sa tabatière à chacun. Puis, il entrait chez le notaire, acceptait une goutte d’eau de noix ou de « riquiqui », et faisait avec maître Auphel d’interminables parties de piquet dont l’enjeu était une prise. Pour dom de Marnyhac, amateur forcené de chasse et de pêche, selon le temps il prenait le bateau de l’abbaye amarré sous un vergne, et, tirant l’épervier ou jetant la ligne, il remontait la rivière jusqu’au moulin de Saint-Hilaire, où il faisait des fois la collation, que nous appelons « merenda », convié à ce par la meunière, belle fière femme, ma foi, qui levait un sac de blé sur son épaule comme un homme.

D’autres fois, il montait sur les « termes » de la rive gauche, devers le repaire noble de Goursat, et après avoir changé d’habillement chez un sien ami, M. de la Rolandie, qui demeurait là, il prenait un fusil et allait à la chasse. Il n’ignorait point, le pauvre, que ça lui était défendu, mais il ne pouvait s’en tenir, ayant la chose dans le sang. Il n’était pas d’ailleurs le seul clerc ainsi braconnant. Dans le pays, c’était chose assez commune alors de voir des curés en faire autant.

Lorsqu’il faisait mauvais temps, dom de Marnyhac, s’ennuyant de se promener sous les cloîtres, me disait des fois :