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coquettement tortillé sur les cheveux, ou bonnet de tulle bien tuyauté ; paysannes en coiffe périgordine, ou madras de coton à grands carreaux bleus, rouges et jaunes. Après, venait la confrérie des Pénitents noirs, en cagoule de serge, masqués d’une capuce pointue, percée de deux trous à travers lesquels on voyait briller leurs yeux, et ceinturés d’une corde à nœuds. En tête, entre les deux rangs, marchait un confrère portant une grossière croix de bois en grume ; et, derrière les files, entre les deux derniers pénitents, se tenait majestueusement le doyen de la confrérie, gros homme bedonnant, armé d’un haut bâton recourbé, sorte de crosse rustique, insigne de sa dignité. Ces fantômes noirs, masqués, avaient quelque chose de sinistre qui évoquait le souvenir de la Sainte Inquisition toulousaine, et faisait « tribouler » les tout petits enfants menés par la main. Pourtant, c’étaient de bons compagnons, ces pénitents qui, lors de leurs sorties, réunis le soir à leur chambrée, chopinaient ferme en mangeant des massepains. Braves gens, d’ailleurs, et pas fanatiques pour deux sous. Il en était cinq ou six, au reste qui faisaient partie de la loge La Fervente Amitié ; car Montglat possédait une petite loge maçonnique où l’on banquetait très régulièrement à la Saint-Jean d’hiver et à la Saint-Jean d’été. Le doyen des Pénitents, M. Viermont le notaire, que son gros ventre dénonçait, était même premier surveillant de la loge, dont un autre petit pénitent clopinant, M. Naquièze le pharmacien, était l’hospitalier.