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dites ! ajouta Françoise. Le grand-père de Michel et celui de l’Albine n’étaient que cousins seconds… Mais tout fut inutile, les parsonniers venus tous furent obligés de s’en retourner penauds. Le curé, de sa fenêtre, et sur la place, le juge de paix, le notaire, l’huissier Borie et jusqu’à ce petit coquin de Galinet, les regardèrent passer d’un air goguenard.

— Le Diable me crâme ! dit à ses communiers Michel en serrant les poings, ces bougres-là finiront par me faire regretter le temps de l’autre !

Il fallut que le notaire de Cabans intervînt pour ses pratiques. Il dut rédiger un mémoire et faire une visite au procureur du roi de Bergerac pour vaincre les résistances illégales du maire. Enfin, après un mois de démarches et de peines, celui-ci consentit à procéder au mariage. Seulement, par une dernière méchanceté, il le fit à neuf heures du soir, en sabots et bonnet de coton.

Lorsqu’il eut achevé, il déclara que, pour cette fois, il ne suivrait pas l’ancien usage d’embrasser la mariée, et qu’il renonçait à ses droits.

— Ça tombe bien ! lui répondit Michel, j’avais logé dans ma tête de ne point vous la laisser embrasser !

Revenus aux Agrafeils, Françoise dit aux novis :

— Maintenant, mes enfants, ça n’est pas tout. Vous n’avez pas voulu le mariage de ce chétif curé ; mais tout de même il ne faut pas oublier le bon Dieu. Moi qui suis ancienne, j’ai appris de mon père comment, renonçant au prêtre, il fut marié ici même