perte de son argent, vit la guillotine devant ses yeux égarés, et pâle, épouvanté, s’enfuit vers La Salvetat.
En arrivant au village, il passa devant un vieux assis au soleil sur une « tronce » d’arbre, qui devisait avec deux femmes anciennes, leur quenouille au flanc.
— Je viens de tuer l’Isabeau ! leur cria-t-il.
Et entrant dans la maison, il prit une corde, monta au grenier et se pendit à un chevron.
— Ça devait mal finir ! fit Michel en apprenant la chose. En attendant, Nine, voilà notre mariage repoussé ne sais jusqu’à quand, car nous ne pouvons faire noces au lendemain de cette pendaison…
— Tiennou ne nous a pas bien fait ! objecta Siméon.
— Ça ne fait rien, répliqua Françoise, c’est un Agrafeil.
Quinze jours après cet événement, le meunier du Cros, entrant dans la basse-cour des Agrafeils, envoya une pétarade de coups de fouet qui fit enfuir la poulaille piaillant, et venir la Françoise sur la porte de la cuisine. Ayant déchargé deux sacs de farine, le meunier, en buvant un coup, raconta à la ménagère que Jean était malade et en danger de crever dans son lit faute de soins, car les gens de La Salvetat ne le voyaient pas d’un bon œil depuis son mariage avec l’Isabeau ; joint à ça que personne ne se souciait d’entrer dans la maison où s’était pendu Tiennou…
— Tu fais bien de me dire ça, répondit-elle.
Le meunier parti, elle alla trouver Michel et Cyprien et leur conta la chose.