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— Ah la coquine ! la voleuse !

Et, fou de colère, il revint tout courant à la terre et trouva l’Isabeau seule.

— Où as-tu mis mon argent ?

— Est-ce que je l’ai touché, ton argent !

— Rends-le-moi ! Tonnerre !

— Pour le rendre, il faudrait l’avoir pris !

— Rends-le-moi, je te dis !

— Ah ! tu m’embêtes, à la fin !

Et se courbant, elle se remit au travail en grommelant :

— Vieille bête ! gros animal ! va le chercher au diable, ton argent !

Alors, exaspéré, perdant la raison, Tiennou, qui avait repris sa pioche, en asséna un grand coup sur la tête de l’Isabeau, qui tomba lourdement à plat ventre, la figure sur une motte. Comme elle remuait encore, grattant la terre des pieds et des mains, il acheva de l’assommer, de deux autres coups, et resta là planté, les yeux égarés.

Un instant après, l’Aîné sortit d’un bois tout voisin et s’approcha.

— Tu as fait là un joli travail, dit-il froidement à Tiennou qui, tout hébété maintenant, regardait le corps de l’Isabeau gisant le crâne défoncé.

— Elle m’avait volé mon argent !

— Ça ne m’étonne point ; elle était capable de tout, hors le bien… Mais, en attendant, te voilà dans de mauvais draps ; sauve-toi bien vite.

Sur ces paroles, Tiennou, déjà tout affolé par la