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se doit entre accordés. Ainsi s’aimant, ils attendaient sans nulle mauvaise impatience le temps des noces qui se devaient faire après les vendanges.

La paix et la tranquillité étaient revenues aux Agrafeils, depuis que Tiennou, tracassier et noiseur de son naturel et puis toujours excité par l’Isabeau, ne venait plus leur rompre la tête pour une poule grattant dans son carreau de jardin, ou un cochon entré dans son morceau de cour mal close.

À La Salvetat, il n’en allait pas de même ; il y avait du garbouil entre Tiennou et sa prétendue femme, pour ce qu’il ne voulait lui remettre, pour le serrer disait-elle, l’argent de la vente de son lot. Il lui avait même quelque peu caressé l’échine avec un lien de fagot, certain jour qu’il l’avait surprise le guettant pour savoir où il le mettait. Quant à Jean, il avait visiblement quelque chose qui le travaillait ; ne disant mot à l’Isabeau et ne parlant à Tiennou qu’à toute force. Sombre, ennuyé, il mangeait du bout des dents, mâchant son pain lentement ; et après soupé laissait les autres à table et s’en allait coucher dans le fenil pour être seul.

Un jour qu’ils étaient tous les trois à biner des pommes de terre, Tiennou laissa Jean et l’Isabeau pour aller boire, disait-il, à la vérité pour s’assurer, en l’absence de celle-ci, que son argent était toujours dans la cache où il l’avait serré.

Arrivé à La Salvetat, il alla droit à l’étable où il l’avait enfoui, ôta le fumier, leva une pierre plate et, trouvant le trou vide, poussa un cri furieux :