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mangé depuis des centaines d’années, coupée en deux !

— Il manque le lot de Jean, fit observer le maître, mais il nous reviendra tôt ou tard.

— Il est à craindre que l’Isabeau ne se le fasse donner, objecta la Françoise.

— Il n’y a point de risque, il la hait trop.

— Enfin, qu’il fasse à sa volonté… mais à présent il faut penser à autre chose. Pour que la maison ne défaille pas, il convient de te marier, Michel ; il me fâcherait beaucoup que la race des Agrafeils se perdît… Et tu n’auras pas besoin d’aller loin pour trouver une fille honnête et gente. Tiens, vois celle-ci ! dit-elle en prenant la main de l’Albine, devenue rouge subitement, elle t’aime, il y a quelque temps que je le connais ! tu ne feras jamais mieux que la prenant à femme !… comme a recommandé ce pauvre Pierre ! ajouta-t-elle.

— Moi je veux bien… et toi, qu’en dis-tu, Nine ? demanda Michel.

— Je ferai comme dit Françoise… puisque tu me veux, répondit-elle en le regardant franchement.

— Alors, tout est bien, dit la ménagère, donne ta main, Michel.

Et la prenant elle la joignit à celle d’Albine.

— Vous êtes accordés, mes enfants, dit-elle avec une sorte de religieuse gravité.

— Alors, tu es contente, ma petite ? demandait en revenant, Michel à l’Albine appuyée sur son bras.

— Oh oui ! Je suis bien heureuse !