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comptant exigé par le vendeur. Enfin au travers de bien des incidents, des semblants de rupture, et des diverses finasseries d’une diplomatie de village, les deux contractants se rencontrèrent un jour chez le notaire de Cabans. L’acte était écrit presque en entier, lorsque tout faillit être remis en question. Outre le prix principal de trois mille et quarante francs, Tiennou exigeait des épingles pour l’Isabeau… un louis d’or !

— Elle n’a rien à voir dans notre marché ! dit Michel, elle ne t’est de rien. Si c’était Jean qui vendît, encore à toute force étant son homme, il pourrait parler de ça !

Là-dessus, après avoir bataillé longtemps et avoir fait mine de se retirer, Tiennou, pressé par le notaire, consentit à se réduire à un demi-louis d’épingles. Mais Michel déclara qu’il ne voulait rien donner à l’Isabeau, pas un rouge liard… Pourtant, il finit par s’accorder à payer quatre écus au-dessus du prix convenu : Tiennou en ferait ce qu’il voudrait.

Le contrat passé, Michel, tirant de dessous sa veste un sac de grosse toile, compta l’argent que le notaire recompta, puis remit à Tiennou.

— Et ne te le laisse pas prendre ! dit Michel, goguenard, à son vendeur. Ne donne que douze francs à l’Isabeau !

Dès le lendemain, le mur qui coupait en deux la grande cuisine fut démoli. Tous y besognèrent, même l’Albine qui transportait des gravats dans un panier.