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— Oui, mais s’il se doutait qu’on la lui veuille acheter il en demanderait le double de ce qu’elle vaut. Laissons faire ; ça me tromperait beaucoup si l’Isabeau ne le poussait à vendre pour lui attraper son argent.

En effet, quelque temps après, Galinet, rencontrant Michel comme par hasard, entama une foule de propos vagues et insidieux, et finit par faire entendre assez clairement qu’il amènerait Tiennou à vendre sa part, moyennant qu’on lui fît une commission de trois louis par mille.

— Trois louis ! s’écria Michel, tu n’es pas trop coyon ! C’est toi qui gagnerais le plus à cette affaire ! D’ailleurs, pour acheter, il faut avoir de l’argent, et avec tous les frais que tu nous as fait faire sans raison, il n’y en a plus chez nous.

— Penses-tu que la Françoise, mettant sou sur sou depuis cinquante ans, n’ait point un magot quelque part ? dit le rusé coquin.

— C’est elle qui a fourni presque tout l’argent de notre part de frais ; elle ne doit plus avoir une maille… Et puis, quel intérêt aurait-elle à acheter seule le lot de Tiennou, puisque nous vivons en commun ?

Après plusieurs entretiens de ce genre, Galinet, fortement aidé par l’Isabeau, finit par mener à bien la négociation, moyennant deux louis de commission. Mais, pour décider Tiennou, il fallut avoir l’air de forcer la main à Michel qui représentait Françoise et se disait obligé d’emprunter pour faire le payement