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adverses, et de récriminations envenimées par les criailleries de l’Isabeau et les haineuses revendications de Tiennou. Enfin, après force contestations et des chipotages interminables pour une cuiller ou pour une mauvaise assiette de terre raccommodée, les notaires finirent par lotir chacun à peu près également. Il ne restait plus à partager que la grande marmite, le « pot » symbolique de la communauté des Agrafeils. Michel demandait à le garder, offrant d’en payer la valeur à l’estimation ; mais Tiennou, rageur, déclara qu’il en voulait « son morceau » comme du reste et, prenant une pioche, mit la marmite en pièces, les pesa dans un panier avec la romaine et prit pour lui et Jean le quart du poids total. Après ce beau coup, avec l’Aîné, ils chargèrent sur une charrette ce qui leur appartenait et s’en allèrent à La Salvelat.

Les autres Agrafeils, restés avec Michel, réunirent leurs lots et continuèrent la vie en commun. Le bâtiment de Jean et son lopin d’aisine ne les gênait pas trop, étant à une extrémité de la cour ; mais dans la cuisine coupée en deux, le voisinage de Tiennou, qui venait de temps en temps et soulevait des difficultés de passage et autres, les incommodait fort.

Un jour, la Françoise, prenant Michel à part, lui montra, dans sa tirette, un fond de chausse plein de louis d’or et d’écus.

— Avec ça, dit-elle, on pourrait acheter la part de Tiennou ; il y a dans les trois cents pistoles…