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— Me tracassait ?

— Oui, par rapport à Malivert…

Et comme elle le vit pensif un instant, elle renouvela sa prière, le conjurant et suppliant d’avoir confiance en elle.

Et, à genoux près du lit, elle avait saisi sa main.

Alors, tout à coup il dit :

— Puisque tu le veux savoir, je l’ai tué ! il me fait mourir, nous sommes quittes !

— Ô malheureux drole ! tu n’en avais pas le droit ! le bon Dieu seul peut ainsi punir !

— Mais il oublie des fois de le faire !

Alors cette vieille paysanne ignorante trouva dans son cœur des paroles touchantes en son patois, pour convaincre le pauvre garçon. Elle le pria longuement et tant fit qu’il se repentit et demanda pardon à Dieu.

Le lendemain au soir, Petit-Pierre mourut paisiblement pendant que, du fond des prés, montait le chant mélancolique des raines.

Lorsque le cercueil porté sur une charrette à bœufs arriva devant le cimetière, les gens des Agrafeils trouvèrent là le maire et le curé.

— Vous pouvez remporter votre mort ! leur dit roguement le premier. Enterrez-le dans votre basse-cour, si vous voulez !

— Le cimetière bénit n’est pas fait pour les parpaillots ! ajouta le curé.

— On y a bien enterré nos anciens ! répondit Michel, et dernièrement le vieux Bertrand.