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— C’est un grand brigand de moins ! dit Michel.

— Il ne nous fera plus de canailleries ! ajouta Siméon.

— Mes pauvres, dit Françoise, pensez qu’il est mort !

— Que veux-tu que te dise, ma Françoise ! reprit Michel, j’ai vu mourir tant de braves gens en guerre, et tant d’innocents crever lentement de fièvre, de faim et de misère sur les pontons, que je ne peux pas me faire de mauvais sang pour la mort d’un tel scélérat !

— Il n’a bien fait qu’une fois dans sa vie, c’est lorsqu’il s’est détruit ! s’écria Cyprien.

— C’est lui qui, en me faisant enfermer à faux dans cette malheureuse prison où j’ai pris mon mal, est la cause de ma mort prochaine, tu entends, Françoise ! dit alors Pierre d’une voix rauque ; ainsi je suis bien content qu’il soit sous terre !

— Ô mon Pierre ! répliqua la vieille fille, pendant que l’Albine sanglotait, tu n’es pas si malade sans doute !

— Avant qu’il soit deux mois seulement, tu viendras à mon enterrement ! Souviens-t’en, Françoise !

Le pauvre Petit-Pierre ne se trompait pas de beaucoup. Le mieux qui s’était produit dans son état ne dura pas, et bientôt il ne quitta plus, la maison d’abord et ensuite le lit. La petite Albine et Françoise le gardaient tour à tour et s’efforçaient de le distraire. Lui d’ailleurs était très calme, comme si, sa vengeance accomplie, il n’avait plus rien à faire