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assiette un morceau de confit de dinde, passé à la poêle tout exprès pour lui.

— Je n’ai pas faim, répondit-il distraitement.

Le lendemain, on se demandait à Cadouin où était passé le garde. À l’auberge où il vivait, on ne s’en inquiétait pas, car il était coutumier de courtes absences.

— Il est à fouailler par là ! disait en riant l’aubergiste.

Cependant, le surlendemain, Malivert n’étant pas revenu, après dîné, l’homme s’en fut trouver le maire et lui dit la chose.

— Peut-être est-il allé à Bergerac pour quelque affaire, dit celui-ci ; attendons à demain.

Le troisième jour, Malivert n’ayant pas reparu, le maire fit prévenir les gendarmes et puis envoya des gens dans les villages autour de la forêt. À leur rapport, personne n’avait connaissance du garde, fors à La Salvelat où une bonne femme ancienne l’avait vu le jour de sa disparition, entrant chez l’Isabeau. Celle-ci, interrogée, avait répondu que Malivert, passant environ une heure après l’angélus de midi, était entré allumer sa pipe et puis avait continué sa tournée.

« Quelque braconnier l’aurait-il assassiné ? » se disait le maire.

Et avec les gendarmes et une douzaine d’hommes il se mit à battre les bois.

Vers cinq heures du soir, un des hommes passant devant l’abri de la Jasse, regarda dedans et jeta un cri qui fit accourir tout le monde.