partisme de jadis en affichant un zèle policier bruyant et ridicule. C’était sur ses ordres que les gendarmes se transportaient de temps en temps aux Agrafeils, où selon lui devait se tramer quelque « noir complot ». En attendant mieux, il faisait aux parsonniers quelques procès-verbaux pour des contraventions de simple police, que, par une belle émulation de zèle, le juge de paix trouvait dignes du maximum de l’amende. Le curé, lui, voyait avec dépit cette communauté de « païens », comme il disait, et il eût voulu en « purger le pays ». Aussi approuvait-il fort les agissements du maire avec lequel il conférait fréquemment à ce sujet, et encourageait-il Malivert, un de ses fidèles pénitents, à ne pas se relâcher de sa surveillance à l’endroit de ces « malfaiteurs huguenots » dont la présence « scandalisait la paroisse ».
Le garde n’avait pas besoin d’être stimulé ; cependant il était bien aise de savoir qu’en angariant ceux des Agrafeils, il faisait plaisir à M. le maire, à M. le juge, à M. le curé et à « tous les honnêtes gens », comme disait ce dernier. Aussi, peu de temps après la venue des gendarmes, il fit à Lïou un « bon procès-verbal » pour avoir laissé ses bêtes entrer en forêt.
Malheureusement pour lui, le jour où il constatait le soi-disant délit, le pauvre Cadet était dans son lit, malade depuis trois jours. S’il n’y avait eu que les dénégations des communiers, on n’en eût tenu compte ; mais, heureusement, le médecin était venu aux Agrafeils précisément à l’heure où, selon le garde, Lïou était en forêt. Ce médecin, ancien chirurgien des