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— Et tu ne le veux pas donner ?

— Ça dépend…

Là-dessus, il l’empoigna brutalement ; mais elle se dégagea :

— Viens demain soir, nous arrangerons tout ça !

Le lendemain soir, Galinet se trouva là, et en buvant quelques chopines de ce petit vin blanc qui avait jadis affriandé Jean, il fut question des affaires. Interrogé si un mari pouvait céder sa femme à un autre, le praticien ne broncha pas.

— Bien sûr ! répondit-il, les conventions font les lois !

— Alors Jean peut me donner l’Isabeau ? demanda Tiennou.

— Oui bien, si elle consent… veux-tu, Isabeau ?

— Si ça peut se faire honnêtement, j’en suis consente, dit la coquine, mais que Tiennou me récompense pour ma jeunesse…

Galinet eut un demi-sourire :

— C’est trop juste…

— Alors il faudra aller chez le notaire pour passer l’acte ? demanda Jean. Toujours, je ne veux pas payer les frais !

— Ça n’est pas un acte de notaire qu’il faut, interrompit l’agent d’affaires, mais un « double » entre vous autres.

Là-dessus, il tira de sa poche un encrier de corne, un tronçon de plume d’oie enveloppé d’un chiffon, et deux feuilles de papier.