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et allégua quelques « gazineries » à faire, qui retenaient son homme chez elle, ce jour-là.

En s’en retournant, elle s’arrangea pour dire à Tiennou, seul :

— Jean te voudrait dire quelque chose ; viens ce soir, après soupé.

Comme en disant cela elle le regardait dans les yeux, d’un certain air, Tiennou, pensant au robuste mollet dont il avait détaché la « lie-chausse » et aussi à la proposition de l’Aîné de lui céder sa femme, fit brusquement :

— Et toi, tu n’as rien à me dire ?

— Peut-être bien que si… viens toujours.

Le soir même, Tieunou alla chez l’Isabeau qui l’engagea vivement à se joindre à Jean dans la demande en partage ; à eux deux ils auraient les trois quarts du bien !

Mais l’autre fit des difficultés, et, finalement, dit qu’il y voulait penser avant. Lorsqu’il s’en alla, l’Isabeau l’accompagna jusqu’au bout de l’enclos en se frottant contre lui dans la nuit noire :

— Écoute-moi, mon Tiennou ! Il te faut faire comme Jean : vous aurez un beau bien, et tu viendras demeurer chez nous.

— Eh bien ! fit-il tout d’un coup, ça y est !… si Jean veut faire ce qu’il me disait l’autre soir !

— Et que te disait-il ?

— Nous parlions de toi… et il me disait : « Si tu la veux, je te la cède ! »

— Mais il faut mon consentement pour ça !